André Willemijns

Loisirs et passions


Les livres anciens

  Août 2015

Glossaire de la reliure

Broché

Livre dont les cahiers, cousus, sont presque toujours recouverts d’une simple couverture de papier.

Édition originale

Première publication d’un ouvrage en librairie généralement faite sous le contrôle ou avec le consentement de l’auteur (à l’exception, bien sûr, des publications posthumes). Elle est particulièrement recherchée.

Dans le cas d’une publication antérieure dans une revue, on parle d’édition « pré-originale ».

Demi-reliure

Couvrure du dos du livre, empiétant plus ou moins sur les plats, en cuir ou toile ou parchemin, la partie restante étant le plus souvent recouverte d’un papier.

Couvrure faite d’une seule matière, l’ouvrage étant entièrement recouvert de cuir, toile ou autre.

Reliure à coins

Demi-reliure, dont les coins sont généralement recouverts du même matériau que le dos.

Les formats

Le format est déterminé par le nombre de fois où les feuilles d'un livre ont été pliées pour le constituer :

- In-plano (ou Gr. In-folio) : feuille à plat non pliée (hauteur env. 50 cm et +)

- In-folio pour les feuillles pliées en 2 et formant donc 4 pages (recto-verso) (hauteur env. 35 à 50 cm)

- In-quarto (in-4) pour les feuillles pliées en 4 et formant donc 8 pages (recto-verso) (hauteur env. 25 à 35 cm)

- In-octavo (in-8) pour les feuilles pliées en 8 et formant donc 16 pages (recto-verso) (hauteur env. 20 à 25 cm)

- In-douze (in-12) pour les feuilles pliées en 12 donc 32 pages (hauteur env. 20 cm et -)

Ex-libris

Signifiant littéralement "d’entre les livres", c’est un signe de propriété. Ce peut être une inscription manuscrite, un simple carré de papier, une étiquette imprimée ou gravée, portant des initiales, un symbole, des armes, un nom... Il est en général apposé au verso du plat d’un volume. De nombreux artistes ont gravé des ex-libris : Gavarni a dessiné celui des Goncourt figurant deux doigts d’une main allongés sur une feuille de papier où se trouvent les initiales E et J (unis comme les doigts de la main). L’ex-libris est, en soi, un thème de collection pour de nombreux amateurs.

Ex-dono manuscrit

Un ex-dono est une mention manuscrite portée sur un livre indiquant que celui-ci a été remis en don par une personne physique ou morale à une autre personne physique ou morale dont les noms sont souvent indiqués, parfois avec une mention de date. L'inscription n'est pas forcément de la main du donateur, contrairement à un autographe ou d'une dédicace

Frontispice

Le frontispice est une illustration placée dans un livre en regard de la page de titre, généralement sur la fausse page (verso) qui fait face à la page de titre (recto). Elle peut aussi se trouver en lieu et place de la page de titre (on parle alors de titre-frontispice), avant la page de titre. Réalisée en gravure (sur bois puis sur cuivre) le frontispice constitue un "produit d’appel" pour le livre. C’est la première chose que l’on voit en ouvrant un livre.

Le frontispice représente souvent une scène importante du livre (une légende ou un extrait accompagne l’illustration), on trouve aussi beaucoup de portraits (soit de l’auteur, soit d’une personne évoquée dans l’ouvrage). Le titre-frontispice permet notamment de glorifier l’auteur en l’incluant dans celle-ci.

Exemples de description

De gauche à droite :

Grand in-8 de 248 pages. Reliure demi-chagrin rouge, dos à nerfs, tête rouge, couvertures conservées. En bon état.

2 tomes reliés en 1 volume in-12, pagination continue, 490 pp. Reliure demi basane rouge époque, dos à nerfs orné de filets et dentelles. Monogrammes "A. P" en bas du dos.

1 volume, in-12, relié, 308 p. + table. Nouvelle édition. Reliure d'époque, demi basane rouge, dos lisse avec filets et titre dorés, rares rousseurs.?

Lettre Autographe

Lettre autographe signée (L.A.S.) : la lettre est entièrement écrite par son signataire. Celui-ci peut signer de son prénom, de ses initiales ou de son nom.

Pièce autographe signée (P.A.S.) : il s'agit de documents qui ne sont pas des lettres. Par exemple : une attestation, une ordonnance médicale, un reçu, etc.

Lettre signée (L.S.) : ce terme est utilisé pour désigner une lettre simplement signée. Le corps du texte peut être dactylographié ou écrit par une autre personne.

La pièce signée (P.S.) est un document simplement signé. Le corps du texte peut être dactylographié ou écrit par une autre personne.

Une lettre autographe (L.A.) est une lettre est entièrement écrite par une personne, mais non signée. Il était d'usage au XVIIIe siècle entre gens de la noblesse de ne pas signer les lettres, le destinataire reconnaissant l'écriture, savait à qui il avait affaire. Madame de Pompadour, Marie-Antoinette, pour ne citer que les plus célèbres, ont ainsi envoyé des lettres autographes non signées.

Une pièce autographe (P.A.) est un document entièrement écrit de la main d'une personne, mais non signé. Ce terme désigne très souvent des brouillons, des manuscrits ou des annotations en marge d'un document.

Un manuscrit peut être entièrement «autographe» ou «autographe signé» ou dactylographié avec des «corrections autographes».

Edition illustrée

Keepsake

Livre-album illustré de fines gravures, que l'on offrait (au milieu du XIXe s.) en cadeau, à Noël et au jour de l'an, dans les milieux aisés.

Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu'elles avaient reçus en étrennes. — (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857, page 55)

Serpente

Papier très fin au filigrane du serpent, employé aux XVIIe-XVIIIe s., utilisé notamment en feuillets intercalaires pour protéger les gravures des livres.

Les papiers

Papier de Chine

Il est fabriqué avec l'écorce du bambou ayant macéré dans l'eau, il est reconnu de grande qualité pour sa finesse et sa résistance.

Papier du Japon

Il est fabriqué avec l'écorce du mûrier à papier, remarquable par sa solidité, non blanchi, ce qui explique sa couleur jaunâtre.

Les bords d’une feuille de papier du Japon sont «boursoufflés», la feuille n’a pas été massicotée. Le papier réalisé de façon artisanale présente forcément un excès de pâte sur les bords de la feuille «faite à la forme».

Papier Velin

Il désigne actuellement un beau papier satiné, à pâte dense et homogène.

Villequier et le drame du 4 septembre 1843.

  Décembre 2014

Le 4 septembre 1843 eut lieu à Villequier, petite commune située en Seine Maritime dans une des boucles de la Seine, ce qui fut sans doute le plus grand drame de la vie de Victor Hugo : sa fille aînée Léopoldine, mourut dans le renversement d’un bateau sur la Seine avec son époux et plusieurs membres de la famille.

Le Musée Victor Hugo, les tombes de la famille Hugo et la statue de Victor Hugo évoquent cet épisode.

1 – Le Musée Victor Hugo.
2 – Le petit cimetière de Villequier, accolé à l’église où se trouvent plusieurs tombes des familles Hugo et Vacquerie.
3 – La statue de Victor Hugo scrutant le fleuve.

Le drame

Le numéro du Siècle daté du jeudi 7 septembre 1843, relate avec beacoup de précision le drame de Villequier :

« On lit dans le Journal du Havre : Un affreux événement qui va porter le deuil dans une famille chère à la France littéraire est venu, ce matin, affliger de son bruit sinistre notre population qui, parmi les victimes, compte des concitoyens.

« Hier, vers midi, M.P. Vacquerie, ancien capitaine et négociant! du Havre, qui habite à Villequier une propriété située sur les bords de la Seine, ayant affaire à Caudebec, entreprit d'accomplir ce petit voyage par eau. Familier avec la navigation de la rivière et la manoeuvre des embarcations, il prit avec lui, dans son canot gréé de deux voiles auriques, son jeune fils âgé de dix ans, son neveu M. Ch. Vacquerie et la jeune femme de ce dernier, fille comme on le sait de M. Victor Hugo.

« Parti de Villequier avec le jusant, le canot fut rencontré vers midi trois-quarts, louvoyant avec faible brise de N.-O. par le bateau à vapeur la Petite Emma, capitaine Durosan, qui, en le perdant de vue, vint toucher à Villequier pour prendre un pilote et y mouilla, faute d'eau. Une demi-heure à peine s'était écoulée que l'on fut informé à terre qu'un canot avait chaviré sur le bord opposé de la rivière, par le travers d'un banc de sable appelé le Dos-d'Ane. On courut immédiatement au lieu de l'accident.

« Le canot était coiffé, ayant ses voiles bordées dont les écoutes étaient imprudemment tournées à demeure. En le redressant, on trouva dans l'intérieur un boulet et une grosse pierre servant de lest, et le cadavre de M. Pierre Vacquerie incliné et la tête penchée sur le bord.

« Les trois autres personnes avaient disparu. On suppose d'abord que M. Ch. Vacquerie, nageur très exercé, avait pu, en cherchant à sauver sa femme et ses parents, être entraîné plus loin. Mais rien n'apparaissant à la surface de l'eau, au moyen d'une seine on dragua les environs du lieu du sinistre et, du premier coup, le filet ramena le corps inanimé de l'infortunée jeune femme, qui fut transportée à terre et déposée sur un lit.

« Au moment où le capitaine Durosan, qui nous communique ces détails, quittait cette scène lamentable, la seine venait d'être une seconde fois jetée, et à la manœuvre des embarcations on présumait que les cadavres des deux dernières victimes avaient été retrouvés.

« Mme Victor Hugo a appris ce matin au Havre, qu'elle habite depuis quelque temps avec ses deux autres enfants, le terrible coup qui la frappe dans ses affections de mère. Elle est repartie immédiatement pour Paris. M. Victor Hugo est actuellement en voyage. On le croit à La Rochelle. »

Et l'article se terminait par une nouvelle de dernière heure : « Le Courrier du Havre annonce que les corps des deux autres victimes ont été retrouvés. »

Villequier, le lieu du drame en 2014

Le Musée Victor Hugo

En 1951, le Conseil Général de Seine-Maritime rachetait aux descendants Vacquerie, la maison avec son jardin tandis que les bâtiments annexes ruinés lors de la dernière guerre devenaient propriété de la commune de Villequier.

Le musée fut inauguré en 1959 grâce à de multiples donations réalisées par les héritiers de la famille. On y retrouve une double évocation des familles Hugo et Vacquerie liées par le drame du 4 septembre 1843 au cours duquel périrent noyés en Seine, presque devant la maison, le jeune couple Léopoldine Hugo-Charles Vacquerie ainsi qu’un oncle et un neveu. Tous les quatre furent inhumés au cimetière de Villequier, rejoints plus tard par Adèle, épouse de Victor Hugo puis par leur deuxième fille également prénommée Adèle.

Aujourd’hui Auguste Vacquerie figure en bonne place grâce à de nombreux documents mais c’est à son père Charles Isidore Vacquerie (1779-1843) que l’on doit la maison actuelle, véritable résidence secondaire pour la famille domiciliée au Havre. Capitaine au long cours, le père Vacquerie était devenu un armateur prospère. Un de ses deux fils, Charles épousa Léopoldine Hugo, fille du célèbre écrivain. Admirateur de Victor Hugo, c’est le second fils Auguste qui permit le rapprochement entre les familles Hugo et Vacquerie.

Villequier, le Musée Victor Hugo

L'Eglise Saint-Martin de Villequier et le cimetière

Les tombes des familles Hugo et Vacquerie

Tombe de Léopoldine Hugo (1824-1843) et de son époux Charles Vacquerie (1817-1843)

Tombe d'Auguste Vacquerie (1819-1895), frére de Charles, condiciple de Paul Meurice et vouant une grande admiration pour Victor Hugo

Tombe d'Adèle Foucher (1803-1868) épouse de Victor Hugo

Tombe d'Adèle Hugo (1830-1915) fille cadette de Victor Hugo

Le souvenir

Du drame de Villequier, nous conservons un immortel poème :

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

3 septembre 1847 (Les Contemplations).

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